<200>Ou quand impunément il ose les braver
Du rang où la fortune a daigné l'élever;
De ces lieux éminents, à l'abri du tonnerre,
Enivré d'amour-propre, il écrase la terre.
C'est de là que des rois les folles passions
Percent malgré leur voile aux yeux des nations.
Ennemi déclaré de leur culte idolâtre,
Je parus malgré moi sur le même théâtre;
Le hasard, qui nous place ici-bas à son choix,
Voulut qu'un philosophe eût le sceptre des rois.
Mais le trône aussitôt me fit des adversaires;
Je les crus des héros, et c'étaient des corsaires.
Que ce récit apprenne aux peuples ignorants
Pour quels indignes dieux a fumé leur encens.
Le bonheur autrefois compagnon de ma vie
Excita contre moi la fureur et l'envie
Des rois ambitieux dont les sanglants complots
De mes voisins jaloux ont soulevé les flots;
De leurs bras réunis l'effort me persécute,
Leur haine a préparé leur triomphe et ma chute.
Dans la brûlante soif qu'ils ont de dominer,
Il n'est rien de sacré qu'ils n'osent profaner,
Ni rien que n'ait atteint leur foudre vengeresse;
L'orgueil qui les possède, augmentant leur ivresse,
Leur dépeint leurs forfaits sous les traits éclatants
Des dieux qui de l'Olympe écrasent les Titans.
Mais mon cœur, en ce trouble, atteint d'un coup plus rude,
Éprouve de mon sang la noire ingratitude;
Des princes élevés et nourris dans mon seina
a Le duc Charles-Eugène de Würtemberg. Voyez t. IV, p. 161; t. V, p. 10 et 261; t. IX, p. 1, 11, et p. 1-8 : et ci-dessus, p. 103.