<28>Ces victimes de Mars près du Rhin moissonnées,
Passant les sombres bords, aux ombres étonnées
Ont publié son nom;
Le dépit des héros troubla tout l'Élysée;
Mais votre ombre en courroux parut la plus lésée,
O Henri le Lion!
Des abîmes profonds que le Cocyte enserre
Elle part indignée, et cherche sur la terre
Son fils et son rival;
Elle en apprend bien plus que de la renommée;
Elle voit le héros au milieu d'une armée
Sur un char triomphal.
« Je vous cède, dit-elle, et jamais mon courage
N'a produit les hauts faits qui dès votre jeune âge
Étonnent les humains.
J'ai dû tous mes succès à ma grandeur sans borne;
Vos lauriers sont, ainsi que tout ce qui vous orne,
L'ouvrage de vos mains.
Heureux sont les parents aussi tendres qu'habiles
Dont les sages conseils, à votre aurore utiles,
Mon fils, vous ont conduit!
Ils sont récompensés par une immense usure;
D'un champ reconnaissant au soin de leur culture
Ils recueillent le fruit.
Adieu, vivez heureux; qu'une tête si chère
Soit à l'abri des coups dont un destin contraire
Peut menacer les jours;