<36>Il en périra mille,
Sans que leur cœur stérile
Y jette un seul coup d'œil.
Parcourez les recueils d'exploits et de batailles;
Ces monuments d'audace et d'intrépidité
Ne nous fourniront point autant de funérailles
Qu'un seul de nos combats vous en a présenté.
Cette terre, de sang, de carnage abreuvée,
Cette foule de morts par le fer enlevée,
Redoublent mes regrets,
Et des pompes funèbres
Couvrent nos faits célèbres
De lugubres cyprès.
Vous cimentez d'un sang à vos regards servile
Votre gloire abhorrée, atroces conquérants.
Les humains sont-ils donc d'une espèce assez vile
Pour s'égorger entre eux au gré de leurs tyrans?
Mais vos cœurs endurcis et façonnés aux crimes
Méprisent ces guerriers, généreuses victimes
Offertes au trépas,
Et dans vos jeux infâmes
Vous perdez cent mille âmes
Pour gagner des États
Voyez ce peuple en deuil, ces femmes désolées
Dont les sanglots amers réclament leurs enfants;