<44>Soutenait nos drapeaux d'une main incertaine;
Il permet que le nombre accable la vertu.
L'Autrichien, souvent par nos coups abattu,
Sur des monts escarpés s'assied plein d'arrogance,
Provoque nos soldats et brave leur vaillance.
Tout ce qu'ont pu jamais le courage, l'honneur,
Le mépris des dangers, la gloire, la valeur,
Parut en ce combat. Les assauts se succèdent,
Les monts sont emportés, déjà nos rivaux cèdent;
Mais le nombre nous manque; en ce moment fatal
La victoire s'envole au camp impérial.a
De la Prusse aux abois on crut la chute sûre;
On présageait sa mort d'une faible blessure.
Ce qu'il restait de rois jusqu'en ces jours d'horreurs,
De nos combats sanglants tranquilles spectateurs,
L'esprit préoccupé de frivoles attentes,
Flattés de partager nos dépouilles sanglantes,
Des triumvirs vainqueurs grossissent le parti.
Ce peuple confiné vers le pôle aplati,
Sous des rois belliqueux si redouté naguère,
Qu'avilit maintenant un sénat mercenaire,
La Suède, longtemps l'émule des Germains,
S'arme pour profiter de leurs maux intestins.
Que dis-je? mes parents, pour combler la mesure,
En outrageant leur sang étouffent la nature,
Ou séduits, ou craintifs, entraînés ou trompés,
Dans ce complot d'horreurs de même enveloppés,
Couvrant leur trahison de voiles hypocrites,
Des heureux triumvirs se font les satellites.
O décrets inconnus de la fatalité,


a Bataille de Kolin. Voyez t. IV, p. 141-149.