<73>Mais où vit-on jamais plus de calamités,
L'enchaînement fatal de plus d'adversités,
Qu'en fournit des Stuarts la malheureuse histoire?
J'en rappelle à regret la sanglante mémoire :
Ces peuples descendus des Pictes indomptés,
Contre leurs souverains sourdement irrités,
A l'abri de leurs lois ont exilé leur reine;
Auprès d'Elisabeth Marie a fui leur haine :
Elle y cherche un asile, elle y trouve un cachot,
Et l'Anglais son vengeur la traîne à l'échafaud.
Mais après son trépas, à sa famille illustre
Le trône des Bretons rendit son premier lustre;
Ce théâtre sanglant, entouré de dangers,
Lui laissa du bonheur des moments passagers.
Aux transports turbulents d'un peuple fanatique
On voit Charle opposer sa faible politique :
Il trouve un ennemi cruel et factieux,
Profond, entreprenant, sage, artificieux,
Qu'aucun travail n'abat, qu'aucun danger n'étonne,
Qui d'un bras téméraire ose saper le trône,
Abuse le vulgaire, écrase le puissant,
Et couvre ses forfaits du nom du Dieu vivant.
Cromwell, de tous côtés ayant tendu ses piéges,
Dans le sang de son roi teint ses bras sacriléges,
Et Charles souffre enfin, pour comble d'attentats,
Un supplice inouï, digne des scélérats.
Ainsi finit ce prince, exemple mémorable
Que la grandeur mondaine, un rang si respectable,
Ne garantissent point contre un dur ascendant.
Bientôt Jacques second, plus faible et moins prudent,
Tremblant, déconcerté par sa fille et son gendre,