<89>Où le Guèbre à genoux adore
Les rayons naissants de l'aurore,
Les portant, au delà des mers
Où Neptune étend son empire,
Jusqu'aux lointains climats où le soleil expire;
Et que d'un pôle à l'autre on entende en tous lieux
Qu'un mérite aussi grand, si digne qu'on l'admire,
L'élève jusqu'au rang des dieux.
Ces sentiments, ma sœur, avec des traits de flamme
Sont gravés au fond de mon âme.
Vainqueurs de l'absence et du temps,
Ils seront fermes et constants
Jusqu'au terme fatal où vers la triste rive
Caron transportera mon âme fugitive
Dans le sombre séjour où l'univers s'enfouit,
Où nos projets, nos vœux, l'amitié la plus vive,
Nos peines, nos plaisirs, où tout s'évanouit.
A Striegau, le 28 décembre 1757.