CONGÉ DE L'ARMÉE IMPÉRIALE ET DU MARÉCHAL DAUN, APRÈS LA BATAILLE DE LISSA.
Partez, l'occasion est bonne,
Grand général de l'Empereur;
Pour prouver que je vous pardonne,
Je vous fais mon ambassadeur
Chez les robins de Ratisbonne.
Pressez-vous donc, et portez-leur
Ma réponse en propre personne,
Et rendez à ce tribunal,
Attesté sur l'original,
Au président, à chaque membre,
Sans qu'aucun puisse être déçu,
Tout ce que vous avez reçu
A Lissa le cinq de décembre.
Quel beau jour pour le sieur Anis,
Fiscal du germanique empire,90-a
<91>Lui, qui sous l'ombre de Thémis
Se pavanait de me proscrire,
Lorsque vous aurez pu l'instruire
De ce qu'à vos soins j'ai commis!
Ensuite, de vos pas le maître,
Courez à Vienne, et faites naître
Grand nombre de nouveaux projets
Pour conquérir la Silésie
Et pour ruiner mes sujets.
Vous pouvez sur tous ces objets
Contenter votre fantaisie,
Étudier tout cet hiver,
Dirigé par le vieux Neipperg.
Mais quand la saison radoucie
Des frimas purifiera l'air,
Que des champs la superficie
Se couvrira d'un duvet vert,
Alors, comme un nouvel Achille,
Retournez dans mon domicile,
Tout aussi vain, tout aussi fier,
Avec tout cet amas agile
De canons dont on compte mille,
Avec vos princes du bel air
Et vos pandours armés de fer;
Ce canton en combats fertile
Vous restera toujours ouvert.
Étudiez bien votre thème,
N'oubliez pas, pour le retour,
Des chemins qui vont en Bohême
De vous ménager le plus court.
<92>A ce prix, après le carême
Revenez, à condition
Qu'en obtenant permission,
Nous prenions congé tout de même.
A Dürgoy, le 8 décembre 1757.
90-a Ce fiscal de l'Empire s'appelait Emilien-Gottfried Helm; le 8 octobre 1757, il envoya à M. Aprill, docteur et avocat à Ratisbonne, la citation impériale pour la remettre à l'envoyé prussien. Voyez t. IV, p. 117, 118, 204 et 205.