<169>L'ardeur de dominer, la soif de la vengeance,
Remplissent l'univers de leurs poisons mortels;
La loi, c'est le pouvoir; le droit, la violence;
Il n'est rien de sacré pour des cœurs criminels.
Les yeux étincelants de rage et de furie,
Les chefs, de leurs guerriers lâchant la barbarie,
Dévastent les États.
Rois, quand je vous contemple,
Je vois que votre exemple
Produit ces attentats
Oppresseurs des humains, sanguinaires monarques,
D'esclaves prosternés souverains odieux,
Vous, dont l'orgueil séduit, malgré tant d'Aristarques,
Déguisant vos forfaits, vous travestit en dieux,
Jusqu'à quand verrons-nous vos discordes fatales,
Vos désirs effrénés, vos haines infernales
Continuer leur cours,
Nourrir nos incendies,
Tramer des perfidies
Qui dégradent nos jours?
Est-ce pour vos fureurs qu'un flatteur vous compare,
Dans sa fausse éloquence, aux êtres immortels,
Vous, qu'on dirait vomis des gouffres du Ténare,
Nés d'esprits malfaisants, inhumains et cruels?
Éblouis de l'éclat de votre rang suprême,
Et trop préoccupés de l'amour de vous-même,
Vous vous idolâtrez;
En vain ils vous abusent,
Vos crimes vous accusent,
Et vous font abhorrer.