<178>Vous, de la liberté héros que je révère,
O mânes de Caton! ô mânes de Brutus!
Votre illustre exemple m'éclaire
Parmi l'erreur et les abus;
C'est votre flambeau funéraire
Qui m'instruit du chemin, peu connu du vulgaire,
Que nous avaient tracé vos antiques vertus.
+Tes simples citoyens, Rome, en tes temps sublimes,
Étaient-ils donc plus magnanimes
Que, ce siècle, les plus grands rois?
Non, il s'en trouve encor qui, jaloux de ses droits,
Fermement résolu de vivre et mourir libre.
De lâches préjugés osant braver les lois,
Imite les vertus du Tibre.
Ah! pour qui doit ramper, abattu sans espoir,
Sous le despotique pouvoir
De triumvirs ingrats, de monstres politiques.
Vivre devient un crime, et mourir un devoir.a
Le trépas, croyez-moi, n'a rien d'épouvantable;
Ce n'est point ce squelette au regard effroyable,
Ce spectre redouté des timides humains;
C'est un asile favorable,
Qui d'un naufrage inévitable
Sauva les plus grands des Romains.
J'écarte les romans et les pompeux fantômes
a Voyez t. XII, p. 245.
+ Var.
Rome, tes citoyens, en tes siècles sublimes.
Étaient-ils donc plus magnanimes
Qu'aujourd'hui les plus grands rois?
Non, il s'en trouve encor qui, jaloux de ses droits,
Qui, voulant vivre et mourir libre,
De lâches préjugés osant braver les lois,
Imite les vertus du Tibre.