<193>Qu'on me voie et ma sœur un même jour descendre
Dans ces champs ombragés de myrte et de cyprès,
Séjour d'une éternelle paix,
Et qu'un même tombeau puisse enfermer ma cendre.
Cette Épître était accompagnée de la lettre suivante :
Ma très-chère sœur,
Daignez recevoir avec bonté les vers que je vous envoie; je suis si plein de vous, de vos dangers et de ma reconnaissance, qu'éveillé comme en rêve, qu'en prose comme en poésie, votre image règne également dans mon esprit, et fixe toutes mes pensées. Veuille le ciel exaucer les vœux que je lui adresse tous les jours pour votre convalescence. Cotheniusa est en chemin; je le diviniserai, s'il sauve la personne du monde qui me tient le plus à cœur, que je respecte et vénère, et dont je suis jusqu'au moment que je rendrai mon corps aux éléments,b
Ma très-chère sœur,
le très-fidèle et dévoué frère et serviteur,
Federic.
(Rodewiz) le 12 octobre 1758.
a Voyez ci-dessus, p. 34.
b Voyez l'Épître au maréchal Keith (t. X, p. 235), et le premier paragraphe du Testament (t. VI, p. 243), où Frédéric dit : « Je rends de bon gré mon corps aux éléments; » Voltaire dit de même, dans le second chapitre de son Micromégas, 1752 : « Quand il faut rendre son corps aux éléments, » etc.