<5>Des faveurs que sur moi le ciel daigna jeter,
En bornant mes désirs, je sais me contenter.
Votre amitié, ma sœur, en est la principale,
C'est un bien qu'à mes yeux aucun autre n'égale;
Daignez me conserver ce trésor précieux,
Et de tous les mortels je suis le plus heureux.
Que m'importe, dès lors, que mes sens s'affaiblissent,
Que mon ardeur s'éteigne, et mes cheveux blanchissent?
Je renonce à l'amour, j'embrasse l'amitié,
Et loin d'être à mes yeux un objet de pitié,
Sans redouter du temps l'irréparable outrage,
J'ai su trouver, ma sœur, des plaisirs en tout âge.
A Potsdam, le 15 de février 1765.