<52>Du mépris de ces rois à celui des grandeurs?
Arbitres des humains, et demi-dieux sur terre,
Ce sont ces fainéants qui lancent le tonnerre;
Tout accourt à leur voix, leurs sujets de tout rang
Vont répandre pour eux le reste de leur sang;
Tout leur État conspire à les couvrir de gloire,
Mais l'avenir dans peu ternira leur mémoire.
En quelles mains, grand Dieu, mîtes-vous le pouvoir!
Au travers de leur faste il est aisé de voir
Que leur rôle emprunté, ce fardeau qui les peine,
Veut de plus forts acteurs pour briller sur la scène.
Voyez à l'entour d'eux ministres, conseillers
Intriguer, cabaler pour être les premiers;
Souvent tout est réglé par un roi subalterne
Qui pour son fainéant travaille, agit, gouverne,
Tandis que dans la cour la contradiction
Replonge encor l'État dans la confusion :
Voilà comme en nos jours le ridicule abonde.
Qui donc, répondez-moi, qui gouverne le monde?
Sont-ce ces potentats? Je vous réponds que non.
Serait-ce leur conseil rempli de déraison,
Qui bronche à chaque pas, qui vit sans prévoyance,
Péchant ou par faiblesse, ou par trop d'arrogance?
Quoi! ces fous, ignorants dans l'art de gouverner,
Qui vivent sans penser, juger, ni combiner,
Prétendent hardiment qu'un sage les honore?
Ah! qu'on double pour eux la dose d'ellébore,
Pour purger leurs cerveaux de projets gangrenés.
Qu'ont-ils produit de grand, ces rêveurs forcenés?
Du bruit et peu d'effet, de la tracasserie,
La discorde des rois, les maux de la patrie,