<54>Je respecte le droit que le public s'arroge;
Je sais que l'Arétin pouvait vous corriger,
Les bons temps sont passés, il faut vous ménager.
Accoutumés aux vœux d'une cour idolâtre,
Vains de représenter sur un vaste théâtre,
Qui voudrait devant vous gloser en badinant
Périrait foudroyé dans votre appartement :
Le calus endurci résiste à la censure.
Que les rois à leur gré suivent donc leur allure,
Que le sot ait le pas sur les gens à talents.
Que l'insensé parvienne aux postes importants,
Qu'un pilote hébété les guide à l'aventure,
Que son vaisseau se brise et rompe sa mâture,
Je ne dirai plus rien à ces cerveaux perclus :
Prêcher devant des sourds sont des discours perdus.
Del Bene avait très-bien résolu ce problème,
Car le monde en effet se gouverne lui-même.