<63>D'une paix sûre et de durée,
Alors, tout rempli d'Apollon,
Cédant à l'ardeur qui m'embrase,
Et piquant des deux mon Pégase,
Je volerai vers l'Hélicon.
Mais en passant, je vous supplie
Que ma muse fort affaiblie,
Et que le froid de l'âge atteint,
Ranime son feu presque éteint
Au brasier de votre génie.
Ah! marquis, quelle est ma manie!
Tandis que, par Bellone astreint
A risquer chaque jour ma vie
Pour les foyers de ma patrie,
Plus Don Quichotte que jamais,
Je ferraille encore à l'excès
Contre la grande hydre amphibie
Que compose la Germanie,
Au très-chrétien roi des Français
Par la Pompadour réunie,
Jointe à la Suède, à la Russie,
Dois-je, hélas! penser à la paix?
Cette paix se fera sans doute;
Quand et comment? je n'y vois goutte :
Mon âme, lente à s'agiter,
N'a pas le don de s'exalter.
Très-incrédule en fait d'augure,
J'ignore encore incessamment
Quelle espèce d'événement
Produira l'aurore future;
Et bien moins puis-je deviner