<148>Mais ce plaisir est fait pour s'allier
Avec les mœurs que professent les sages,
Et la vertu doit le justifier.
C'est pourquoi Mars, si fier et si terrible,
N'a jamais pu m'engager à sa cour;
Vous le savez, mon cœur tendre et sensible
S'était chez vous enrôlé sans retour
Sous vos drapeaux et sous ceux de l'Amour.
Ce dieu toujours m'a tenu lieu de père;
Dans son école, à Paphos, à Cythère,
Lui-même, un jour, il daigna m'informer :
« Apprends, dit-il, que c'est à l'art de plaire
A précéder l'art de se faire aimer. »
Ses doux travaux, exempts de violence,
Sont des soupirs ou des soins délicats,
De tendres vers dégagés d'embarras;
Ses armes sont l'égard, la complaisance,
Les sentiments d'amour et de constance.
Au lieu d'assauts, d'attaques, de combats,
Nos exploits sont des baisers tout de flamme,
Qui font couler la volupté dans l'âme,
Sans que jamais ils causent le trépas.
Vous le voyez, mon âme est trop humaine
Pour se complaire aux dangers, à la peine
Qu'aux ennemis un guerrier fait souffrir.
Citoyen doux des sources d'Hippocrène,
J'aimerais mieux, si j'avais à choisir,
Passer mes jours près de ma souveraine,
A recevoir et donner du plaisir.
A ce propos, ma divine maîtresse,
Je vous dirai le mot d'un ancien;