<231>En imprudent au péril il s'engage;
Mais d'un revers, souvent bien mérité,
Son courage est pour jamais rebuté.
Le Pulawski, portant son oriflamme,
Et Zaremba, que le butin enflamme,
S'en vont tous deux brossant à travers bois,
Pour découvrir les protecteurs des rois.
Ils demandaient à tout manant qui passe :
Où sont-ils donc? ne les a-t-on point vus?
- Qui donc, messieurs, qui voulez-vous, de grâce?
- « Ces ennemis à nos bras dévolus,
Et qui bientôt par nous seront vaincus. »
En devisant, bientôt ils arrivèrent
Dans un terrain plus riant, plus ouvert;
Mais de Drewitza les troupes s'y trouvèrent.
Quand un grand saint voit le diable d'enfer,
Tout en fuyant, il s'en éloigne vite;
En s'aspergeant d'un bon jet d'eau bénite,
Il vous marmotte en tremblant son Pater.
Nos deux héros pensaient alors de même.
L'œil égaré, la face pâle et blême,
Zaremba dit : « Regarde nos soldats;
Bâtons ferrés font le fort de leurs armes,
Quelques fusils et de vieux coutelas;
Comment braver les combats, les alarmes? »
Le Pulawski répond : « Il est certain
Que tout va mal; je crois que le destin,
Pour épargner le meurtre et le carnage,
Veut réserver notre bouillant courage
Pour d'autant mieux combattre dès demain. »


a Colonel russe qui battit les confédérés le 1er août 1770.