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CHANT III.

Qu'on est heureux quand on est raisonnable!
L'école dit que nous le sommes tous;
L'école ment, et le fait véritable,
C'est que ce monde est un amas de fous.
Dans son chemin, le lecteur favorable
Sans doute a vu nombre d'extravagants
De tout pays, tout état et tout rang,
Des éventés dont l'esprit faux et louche
N'ont de leurs jours proféré de leur bouche
Que sots discours, que plat galimatias,
Bons pour charmer les menins de Midas.
Si l'on fouillait dans plus d'un grand empire,
Quelle moisson au gré de la satire
Un Arétin cueillerait sur ses pas!
Moi, qui des grands redoute et crains trop l'ire,
Je me retiens et ne le dirai pas.
Si cependant il était des États
Que d'Hippocrate un apostat dirige,
Me faudrait-il garder ma gravité?
Dans un moment de joie et de gaîté,
Qui ne rirait d'un si plaisant prodige?
Mais réprimons ce désir importun,
Car la sagesse ainsi de nous l'exige,