<26>Sans craindre qu'une main légère
Trace de lui de faux portraits.
Il est permis chez nous de rire;
Mais, pour punir les traits mordants,
De la bouche de la satire
Nous avons arraché les dents.
Le soir, Euterpe et Polymnie,
Unissant leurs tons enchanteurs,
De la plus divine harmonie
Nous font savourer les douceurs;
Pleins du chant d'un moderne Orphée,
Qui fait retentir nos échos,
Le sommeil, versant ses pavots,
Nous livre au pouvoir de Morphée.
C'est ainsi que, dans le repos,
Fournissant à ma carrière,
J'attends avec une âme fière
Le coup de ciseau d'Atropos.
Malheur à l'esclave imbécile
Qui ne saurait quitter la ville,
Qu'une chaîne attache à la cour,
Ou par devoir, ou par amour!
Il éprouve que la fortune,
Aussi changeante que la lune,
Élève et rabaisse souvent
Ses favoris, ses courtisans.
Il est souvent le sacrifice
D'un soupçon léger, d'un caprice;
Son ennemi, toujours actif,
L'accable par son artifice,
Et de son bonheur fugitif