<308>J'oublierai tout, empire, gloire et règne,
Si dans ces lieux j'assouvis mon amour.
Oui, vous pourrez, ô mon roi! dès ce jour
Vous contenter : il est ici des belles
D'esprit retors, qui ne sont pas cruelles.
Pour les trouver, rendez-vous au canton
Où règne en paix le sage Salomon.
Grandeur, éclat, pompe majestueuse,
Vous frapperont dans cette cour nombreuse.
Vous irez là, d'amour tout embrasé,
Et de ma part d'un mot autorisé,
Vous présenter à ce roi si lubrique.
Mille catins composent son sérail;
Sage il était, mais sage judaïque.
Or, il peut donc de ce nombreux bercail,
S'il est poli, vous faire une part juste
D'un beau tendron, peut-être un brin usé.
Mais vous, grand roi, mais vous, mon prince auguste,
Si vous aimez, c'est pour être amusé.
Un délicat n'est point censé robuste;
Vous, vigoureux, et familiarisé
A des catins de l'espèce commune,
Allez, partez, et vous ferez fortune :
Quand on est roi, l'on n'est point refusé.
Pour saint Louis, chargé de le conduire,
Fut stupéfait de son rôle nouveau.
Qu'était-il donc? Honnête maquereau.
Tout preux guerrier n'en aurait fait que rire;
Le saint craignait que la grâce en défaut