SCÈNE IX.
LE MARQUIS, VERVILLE, M. BARDUS.
VERVILLE.Bonjour, marquis. Ne sois point surpris que je t'aie fait faux bond aujourd'hui; j'ai été arrêté à la cour par un duc de mes amis, et j'ai engagé ma parole d'y retourner ce soir. On célébrera les noces d'un courtisan, et on fera encore les promesses d'un duc et pair à la même cérémonie. Je suis venu simplement pour te faire mes excuses.
LE MARQUIS.Je suis bien mortifié que je n'aie eu le plaisir de te posséder de toute la journée. Il y a deux heures que je t'attends ici, dans la maison de mon oncle. Si je n'ai point eu l'avantage flatteur de jouir de ta présence le matin, donne-moi au moins la soirée.
VERVILLE.Je le ferais de grand cœur; mais je dois assister à cinq ou six contrats de mariage qui se signeront ce soir en différents endroits, et ce sont des choses que l'on ne saurait refuser.
LE MARQUIS, à part.Cinq ou six contrats de mariage! ... cela est beaucoup. (à Verville.) Et d'où vient cette passion pour le mariage à tant de personnes à la fois?
VERVILLE.Il n'est nul pays et nul endroit où l'on se marie aussi jeune qu'à Paris. Il y a presque une indécence à la cour d'avoir dix-huit ans et de n'être pas encore père.