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SCÈNE V.

MÉROPE, NARBAS, EURYCLÈS, ISMÉNIE.a

ISMÉNIE.

Voici le triste jour, voici l'heure, madame,
Ou'il vous faut rassembler les forces de votre âme.
Par des corruptions le grand prêtre inspiré
A fait parler le dieu dans son temple adoré.
Au nom de vos aïeux et du dieu qu'il atteste,
Il vient de déclarer cette union funeste.
Polyphonte, dit-il, a reçu vos serments;
Messène en est témoin, les dieux en sont garants.
Le peuple a répondu par des cris de joie.

MÉROPE.

Il insulte la Reine à la douleur en proie.
Quel crime! quelle horreur! Je tremble et j'en frémis.

NARBAS.

Mais c'en est un plus grand de perdre votre fils.

MÉROPE.

(Con accompagnamento.)

Eh bien, le désespoir m'a rendu mon courage.
Courons tous vers le temple où m'attend mon outrage.
Montrons mon fils au peuple, et plaçons-le à leurs yeux,
Entre l'autel et moi, sous la garde des dieux.
Il est né de leur sang, ils prendront sa défense;
Ils ont assez longtemps trahi son innocence.
De son lâche assassin je peindrai les fureurs;
L'horreur et la vengeance empliront tous les cœurs.
Tyrans, craignez les cris et les pleurs d'une mère.
On vient. Ah! je frissonne, ah! je me désespère.
On m'appelle, et mon fils est au bord du cercueil;
Le tyran peut encor l'y plonger d'un coup d'œil.


a L. c. acte IV, scène V.