<84>Attend tout d'un miracle et du secours des saints,
Tandis que le divan se rit de ses desseins,
Et, vovant du croissant triompher la planète
Au-dessus de Jésus élève son prophète.
Mais ces prélats romains qui prescrivent des lois
Ne sont pas seuls tyrans des peuples et des rois :
Avec moins de grandeur, avec bien moins de faste,
Le calvinisme enferme un pouvoir aussi vaste;
Sous des dehors trompeurs, sa sainte humilité
Couvre l'ambition, l'orgueil, la vanité.
On le vit autrefois, sortant de la poussière,
Ébranler par son choc le trône de saint Pierre;
Ce parti s'accroissant, tout un nombreux essaim
Sut s'affranchir du joug du pontife romain;
Persécutés partout, ils blâmaient la contrainte,
De leur foi opprimée au ciel portaient la plainte.
Mais ces persécutés, bientôt changeant de mœurs,
Des autres à leur tour furent persécuteurs,
Et, de leurs ennemis même employant les armes,
Portèrent dans leur sein le trouble et les alarmes.
Leurs docteurs furieux, méprisant le bon sens,
Selon leurs intérêts changeaient leurs arguments,
Et, de barbares mots cherchant la vaine emphase,
Embrouillaient la dispute, obscurcissant la phrase;
Tout sentiment nouveau, toute autre opinion,
Semblaient à leur parti menacer du talion.
L'Afrique est moins fertile en monstres, en insectes,
Que ce parti nouveau l'est en nouvelles sectes,
Pleines d'un même fiel, promptes à se venger,
Et d'un zèle enflammé prêtes à s'égorger.
O fanatisme affreux! seul dieu qui les inspire,