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LV. LE TEMPLE DE L'AMOUR, REPRÉSENTÉ POUR LES NOCES DE SON ALTESSE ROYALE MONSEIGNEUR LE PRINCE FERDINAND. (1755.)[Titelblatt]

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ACTEURS.

L'AMOURCasoni.
VÉNUSL'Astrua.
VULCAINRomani.
APOLLONPorporino.
AMINTEStefanino.
ÉRICHTHÉEGasperini.
L'HYMENLuini.
Les figurants représentent les Plaisirs avec les figurantes.
Suite de l'Amour, suite de Vénus, les trois GrâcesLes premières danseuses.

La scène représente le temple de l'Amour orné de guirlandes de fleurs. L'Amour dort. Les Plaisirs sont couchés autour du temple.

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LE TEMPLE DE L'AMOUR.

SCÈNE I.

L'AMOUR, qui dort; puis VÉNUS.

VÉNUS.

Que vois-je? l'Amour dort, les Plaisirs sont engourdis dans l'assoupissement! Ah! que va devenir ma puissance? Si mon fils dort, c'en est fait de mon empire, que dis-je? c'en est fait de l'univers. Sans l'Amour, tout périra. Opposons-nous à ce désastre; il faut réveiller l'Amour; il faut le tirer de cette lâche oisiveté qui le plongea entre les bras de Morphée. Allons le réveiller. (Elle caresse le visage de l'Amour avec un bouquet de roses; l'Amour s'éveille en sursaut.)

L'AMOUR.

Pourquoi m'éveillez-vous, ma mère? Pourquoi dissipez-vous les rêves heureux dont l'illusion me donnait de vrais plaisirs? Que ne restez-vous dans le ciel, où vous régnez par votre beauté et par vos charmes?

VÉNUS.

N'est-ce pas à la déesse de la beauté à réveiller l'Amour? Pendant que tu reposes, mon fils, les sombres passions des hommes usurpent ton empire; l'ambition, la fureur, l'envie, l'intérêt se partagent le monde. C'en est fait de l'espèce humaine, si tu ne reprends ta puissance; tout<446> languit sans amour. Abandonne ton indolence, et va ranimer la nature.

L'AMOUR.

Du sein des voluptés je gouverne le monde; le sommeil ne diminue point mon empire. Je n'ai pas toujours dormi. Mes flèches indiscrètes ont eu la témérité de blesser ma mère; Mars en est le témoin. Je fais tous mes exploits sans avoir besoin de force. Je suis un vieil enfant; mon trône est de roses; les rênes de mon empire sont les voluptés; le joug que j'impose est de fleurs; les exécuteurs de mes ordres sont les Plaisirs. Que je sommeille ou que je veille, je suis toujours le maître des mortels et le souverain de l'univers.

VÉNUS.

Je crains bien que tu ne comptes trop sur ta gloire passée. La puissance s'échappe de nos mains sans que nous nous en apercevions.

L'AMOUR.

Celui qui a fait courir Apollon après Daphné, vous446-a après Adonis, celui qui a changé Jupiter en taureau pour Europe, en pluie d'or pour Danaé, en feu pour Sémélé, fera les mêmes choses quand il voudra. Je me joue des mortels et me ris des dieux.

VÉNUS.

Oh! mon fils, si cela est ainsi, ne laissez pas plus longtemps rouiller vos flèches; reprenez vos fonctions ordinaires, et donnez-moi des marques nouvelles de la durée de votre puissance.

L'AMOUR.

Vous n'avez qu'à commander, vous serez obéie.

<447>VÉNUS.

Il est une princesse d'Olynthe pour laquelle je m'intéresse. Rendez le prince de Thrace sensible à sa beauté. La Thrace veut des rois de la même race, et Aminte en est le dernier rejeton.

L'AMOUR.

Je vais prendre mes flèches dorées, et vous verrez que l'empire de l'Amour est toujours le même.

AIR.

Le dieu qui lance le tonnerre
N'est pas le maître des humains;
Je tiens dans mes débiles mains
Les destinées de toute la terre.
Oui, j'en atteste vos beaux yeux,
Qu'abusant du pouvoir suprême,
M'assujettissant tous les dieux,
Je n'épargnai pas Vénus même.

(Il part; les Plaisirs dansent un ballet court, et le suivent.)

SCÈNE II.

VÉNUS, APOLLON.

APOLLON.

Que venez-vous de faire, Vénus? Ah! pourquoi avez-vous réveillé l'Amour? Ne savez-vous pas combien de peines il nous a coûté pour nous en débarrasser? Et sans l'assistance de Morphée, nous n'en serions pas venus à bout. Cet espiègle dérangeait tout à fait notre gravité divine. Il nous faisait faire quantité de sottises. Nous faisions<448> tant de folies, que nous commencions à devenir ridicules. Les mortels désertaient nos autels et ne nous offraient plus de victimes.

VÉNUS.

Vous avez bien lieu de vous plaindre! Si j'ai réveillé mon fils, c'est pour qu'il vous donne de nouveaux plaisirs. Vous êtes plaisant de croire que les mortels aient plus de vénération pour vous autres quand vous êtes indolents que quand vous êtes amoureux. Allez, les plaisirs de l'amour valent bien les encens des humains. On vous croit puissants, c'est pourquoi on vous adore, mais non pas pour votre sagesse, sans quoi un certain Socrate serait plus dieu que tous les habitants de l'Olympe. Allez, vous aurez toujours des passions; fous pour fous, les folies gaies valent mieux que les folies tristes.

APOLLON.

Il vous est facile à persuader d'aimer; il n'y a qu'à vous voir pour reconnaître le pouvoir de la beauté.

AIR.

Aux doux regards de vos beaux yeux
Quel cœur pourrait être revêche?
L'Amour n'a qu'à se servir d'eux,
Il pourra ménager ses flèches;
Et s'il est juste que les dieux
Aiment une beauté divine,
Souffrez, adorable Cyprine,
Que je vous consacre mes feux.

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SCÈNE III.

VÉNUS, APOLLON, VULCAIN.

VULCAIN, à Vénus.

Comment! je vous trouve ici seule avec ce gentil dameret! Croyez-vous que je serai toujours aussi indulgent que je le fus lorsque Mars vous courtisait? Ce Mars, c'est le dieu de la guerre; mais cet Apollon, que ne va-t-il dans son haras de Muses? Il en a neuf, cela pourrait lui suffire. Est-il honnête et beau, madame la déesse, de vouloir m'en donner de toutes les façons? et croyez-vous qu'un dieu cocu soit patient?

VÉNUS.

Vous feriez mieux de travailler aux foudres de Jupiter ou aux armes d'Énée que de me troubler mal à propos et de vous remplir l'esprit de vains soupçons.

VULCAIN.

Qu'appelez-vous de vains soupçons, quand vous peuplez le ciel et la terre de vos bâtards?

VÉNUS.

Il ne vous manquait que d'être jaloux pour vous rendre tout à fait aimable. Ne m'irritez point, ou j'irai implorer l'assistance de mon fils. Il a des flèches qui valent vos armes. S'il vous blesse, ce ne sera pas impunément.

VULCAIN.

Oh! pour le coup, c'en est trop; vous me mettez en colère.

VÉNUS.

AIR.

Vénus peut-elle aimer
Un cyclope effroyable?
<450>Un amant, pour charmer,
Au moins doit être aimable.
Dans tes sombres prisons
Va-t'en forger tes armes;
Va porter tes soupçons
Et tes folles alarmes
Dans ces antres profonds
Où n'ont point lui mes charmes.

(Elle part.)

SCÈNE IV.

VULCAIN, APOLLON.

APOLLON.

Voilà ce que tu t'es attiré par ta mauvaise humeur.

VULCAIN.

Veux-tu que je sois insensible à tous les affronts qu'elle me fait?

APOLLON.

Entre nous autres dieux et déesses, on ne prend pas les choses de si près. Si la chaste Junon joue de ces sortes de tours à son céleste époux, maître des dieux, nous autres ne devons point nous plaindre.

VULCAIN.

Je ne suis pas de cette humeur. Lorsque j'épousai Vénus, je la pris pour ma femme, toute déesse qu'elle était. Je crus faire fortune; mais que je m'en suis repenti depuis! On dirait que les maris qui ont de belles femmes ne les entretiennent que pour les autres. Et d'ailleurs Vénus est colère et vindicative; tu en as vu une légère épreuve. Je crains bien qu'elle ne s'en tienne pas aux paroles.

<451>APOLLON.

C'est ta faute; il ne fallait pas l'irriter.

VULCAIN.

Je ne suis pas endurant. Mais je veux la suivre pour savoir ce qu'elle trame contre moi.

AIR.

Ma main va dès ce jour
Dévoiler sa malice,
Et punir dans l'Amour
Son fidèle complice.
Tu me vois en courroux
Contre son inconstance,
Et, malheureux époux,
Je prévois sa vengeance.
Mais si dans ces moments
Elle étalait ses charmes,
J'oublierais ses amants,
Et je perdrais mes armes.

(Ils partent.)

SCÈNE V.

Le théâtre représente un riant paysage.
AMINTE, prince de Thrace. ÉRICHTHÉE, princesse d'Olynthe. Dans le fond, l'Amour tend son arc et blesse Aminte.

AMINTE.

Je ne sais ce qui m'arrive. Un trouble secret s'empare de mes sens. Toute la nature s'embellit à mes yeux. J'ai des désirs nouveaux; mon cœur palpite. O dieux! qu'Érichthée est belle! D'où vient que je suis timide et incertain en approchant d'elle? et d'où vient l'empressement<452> que j'ai de me trouver à ses genoux? (il aborde Érichthée.) Que je suis heureux de vous rencontrer, adorable princesse! et qu'on est malheureux lorsqu'on languit loin de vos charmes!

ÉRICHTHÉE.

Quel nouveau langage est le vôtre? Est-ce ce prince si fier, si belliqueux, qui me parle? en un mot, est-ce cet Aminte qui fut toujours indifférent aux attraits de la beauté?

AMINTE.

Charmante Érichthée, il ne faut qu'avoir un cœur sensible pour être frappé de vos appas. Je vous vois, j'aime, et je suis embarrassé de le dire.

ÉRICHTHÉE.

Les cœurs des héros sont-ils sujets à ces faiblesses?

AMINTE.

Mars n'a-t-il pas soupiré lui-même? Hercule n'a-t-il pas filé pour Omphale? Nos boucliers nous défendent contre les traits des Parthes, mais pas contre ceux de l'Amour. Notre courage s'exerce sur les ennemis, mais notre fierté succombe sous l'attrait vainqueur de la beauté.

AIR.

Un cœur stupide est inflexible,
L'amour ne le peut enflammer.
Un héros n'est point insensible;
S'il vous voit, il doit vous aimer.
Je sens renaître mon courage;
Oui, votre magnanimité
Ne rejettera point l'hommage
D'un cœur par vous seule dompté.

<453>ÉRICHTHÉE.

Je suis flattée de voir soupirer un héros si longtemps insensible; mais, cher prince, qui me répondra de votre constance?

AMINTE.

Cette fierté même qui n'a jamais daigné s'abaisser à l'esclavage de l'amour, et qui ne rougit point de soupirer pour vous.

ÉRICHTHÉE.

Mais une autre beauté pourrait peut-être m'effacer un jour de votre esprit.

AMINTE.

J'en jure par la passion que j'ai pour vous, ce qui est ce que je connais de plus inviolable. Nous autres héros, nous ne nous engageons pas vainement, et nos paroles valent les serments des dieux.

SCÈNE VI.

LES PRÉCÉDENTS, VÉNUS, L'AMOUR, puis VULCAIN.

VÉNUS, dans le fond du théâtre, à l'Amour.

Vois-tu venir Vulcain?

L'AMOUR.

Oui.

VÉNUS.

Tire-lui une de tes flèches; qu'il devienne amoureux d'Érichthée, et que sa passion soit malheureuse.

L'AMOUR.

D'abord. (Il blesse Vulcain)

<454>VULCAIN.

Je cherchais Vénus. Mais voici bien autre chose. Quelle beauté céleste se présente devant moi! Elle efface à mes yeux toutes nos déesses coquettes, prudes et hargneuses. (il s'approche d'Érichthée.) O la plus belle des mortelles, la plus charmante des nymphes! peut-on savoir qui vous êtes?

ÉRICHTHÉE.

Que me veut ce boiteux?

VULCAIN.

Par faveur, daignez me l'apprendre.

ÉRICHTHÉE.

Que t'importe qui je suis?

VULCAIN.

Quand on est amoureux, il importe de connaître l'objet qui cause cette passion.

ÉRICHTHÉE.

Tu es bien fait pour avoir le cœur tendre! Il te suffit de savoir qu'on ne l'a point pour toi.

VULCAIN.

Si vous saviez à qui vous parlez, vous vous radouciriez sans doute.

ÉRICHTHÉE.

Je ne sais que trop que celui qui me parle est un importun, et cela devrait lui suffire pour qu'il me laissât en repos.

AMINTE.

Vous feriez bien de vous retirer.

<455>VULCAIN.

Jeune homme, tu es bien téméraire. Sais-tu bien que tu parles à un dieu?

AMINTE.

Le plaisant dieu! Jamais il n'y eut de physionomie aussi bizarre dans le ciel.

VULCAIN.

Scélérat! tu injuries Vulcain.

AMINTE.

Je ne t'injurie point; mais je te conseille de nous quitter, dieu ou non.

VULCAIN.

Quand un dieu aime, c'est aux mortels à lui céder la place.

AMINTE.

C'est au cœur d'Érichthée à décider à qui des deux elle donne la préférence.

ÉRICHTHÉE.

AIR.

(à Vulcain.)

Fuis de ces lieux, monstre effroyable,
Et va redire à ta Vénus
Que mes mépris et mes refus
Ont éteint ton amour coupable.

(à Aminte.)

L'amour vous parle par mes yeux;
Vous m'aimez, je suis trop heureuse.
C'est peu pour ma flamme amoureuse
De vous sacrifier les dieux.

<456>VULCAIN.

Quel outrage! quelle impudence! Quoi! vous osez, en ma présence, me préférer un vil mortel?

ÉRICHTHÉE.

L'amour n'aime ni selon le rang, ni selon les dignités; mais il s'attache à ce qui est aimable.

VULCAIN.

AIR.

Tremblez, cruelle,
Si mon courroux,
Vile mortelle,
S'étend sur vous.
Votre impudence
M'irritera,
Et ma vengeance
Éclatera.
Du maître de la terre
Je forge sous l'Etna
Le terrible tonnerre
Qui vous foudroiera.

(Il part.)

SCÈNE VII.

AMINTE, ÉRICHTHÉE, VÉNUS.

VÉNUS, à Érichthée.

Ne craignez rien de sa colère; mon appui la rendra impuissante.

ÉRICHTHÉE.

Généreuse déesse, sans vos secours, nous sommes perdus.

<457>AMINTE.

Daignez nous protéger contre sa fureur. Les dieux sont toujours redoutables.

VÉNUS.

C'est un dieu pour rire. Il fait ici-bas l'important; dans le ciel on ne le regarde que comme un avorton de Junon, comme un forgeron misérable. Il n'a de pouvoir que sur ses cyclopes. Pour le réduire au désespoir, je veux dès ce moment vous unir pour toujours ensemble.

SCÈNE VIII.

LES PRÉCÉDENTS, L'HYMEN.

L'HYMEN.

Je viens ici pour former ces nœuds charmants.

AMINTE.

Que vous me rendez heureux!

ÉRICHTHÉE.

Je n'oublierai jamais vos bienfaits.

VÉNUS.

Jouissez sous ma protection de toutes les douceurs de la vie et de ce que le plus tendre amour a de plus passionné et de plus voluptueux.

L'HYMEN.

AIR.

Unissez vos deux cœurs par des nœuds éternels;
Que la constance et que l'estime
<458>De votre flamme légitime
Entretiennent les feux offerts sur mes autels.
Que le soupçon, la jalousie,
La dispute, l'antipathie,
N'altèrent vos destins dignes des immortels.

SCÈNE IX.

LES PRÉCÉDENTS et L'AMOUR.

L'AMOUR, à l'Hymen.

De quoi t'avises-tu? Je crois que tu m'enlèves ma conquête. Penses-tu que je ne porte un carquois et des flèches que pour augmenter ton empire? Penses-tu que je ne sois dans le monde que pour te servir et te livrer des victimes enchaînées?

L'HYMEN.

T'imagines-tu que toi et tes flèches soient fort utiles à l'univers, si je ne m'en mêlais pas? Tu ébauches ce que j'achève. Tu commences les aventures, je les finis. Il serait vraiment beau de voir des amants languir sans cesse, et des romans sans dénoûment! Il faut que les passions soient couronnées.

L'AMOUR.

Tu argumentes comme les philosophes athéniens, comme les pesants recteurs du Portique. Le plaisir est une fleur que j'arrose, mais qui se fane dans tes mains. Je rends les mortels heureux; tu ne leur donnes que des dégoûts. Je veux qu'Érichthée et Aminte restent sous mon empire.

<459>AMINTE.

Je porterai les brillantes livrées de l'Amour sous le joug de l'Hymen.

AIR.

Je t'assure que chaque jour
Ma flamme paraîtra nouvelle.
De tes sujets, aimable Amour,
Tu me verras le plus fidèle.
J'en jure ma félicité,
J'en jure les yeux de ma belle,
Qu'aux lois de ta divinité
Jamais je ne serai rebelle.

VÉNUS, à l'Hymen et à l'Amour.

Eh bien, il faut vous contenter tous les deux. Ce sera la passion qui assujettira toujours ce couple à l'Amour, et ce sera la fidélité qui pour toujours l'assujettira à l'Hymen. Comme vous gardez tous les deux vos droits, mettez fin à vos disputes, et ne troublez point une union que j'ai formée moi-même; contribuez plutôt chacun aux plaisirs de cette fête et au bonheur de ces deux amants.

SCÈNE X.

LES PRÉCÉDENTS, VULCAIN et APOLLON.

VULCAIN, un foudre à la main.

Où sont-ils, que je les foudroie?

<460>APOLLON.

Es-tu fou? (Il l'arrête.)

VÉNUS.

Voilà un plaisant Jupiter! Si tu ne retournes sur l'heure dans ta caverne, j'avertirai le maître des dieux de l'insolence avec laquelle tu te sers de son tonnerre.

VULCAIN.

Ce foudre est à moi; je l'ai fait, et je puis m'en servir.

APOLLON.

Si tu ne me suis sur l'heure, je te darderai un de mes rayons qui te brûlera, toi et ton tonnerre.

VULCAIN.

Je suis un dieu; on ne me brûle pas.

VÉNUS.

Si tu n'obéis, je vais appeler Mars, qui saura bien te rendre raisonnable.

VULCAIN.

Tu veux que je sois cocu, battu et content!460-a

VÉNUS.

Pars sur l'heure.

<461>APOLLON, le met dehors.

Que les Plaisirs et les Grâces par des chants et des danses terminent cette fête.

CHŒUR.

Vivez heureux, couple charmant,
Et trouvez dans la jouissance
La prompte et vive renaissance
D'un amour toujours plus ardent.

(Petit ballet.)

(Licence.)

VÉNUS.

L'Amour, qui fait soupirer les bergers et les rois, qui subjugue les dieux comme les héros, et qui use de ses flèches avec une libre puissance, prince, s'est réveillé pour vous atteindre d'une de ses flèches dorées. Le dieu du sentiment a bandé son arc, le dieu du goût a dirigé ses traits, et les vœux de la Prusse applaudissent à votre hymen. Puisse de cette heureuse union naître un peuple de héros qui, ressemblant à vous deux, leurs illustres ancêtres, fera dans l'avenir les charmes de la postérité la plus reculée!

AIR.

Ainsi, quand sur le haut des monts
L'oiseau du maître du tonnerre
A pour toujours fixé son aire,
On la voit se remplir d'aiglons.
Dès qu'ils ont des plumes nouvelles,
D'un vol plus prompt que les éclairs,
En les soutenant de ses ailes,
Le père fend les champs des airs.

<462>

CHŒUR.

Vivez heureux, couple charmant,
Et trouvez dans la jouissance
La prompte et vive renaissance
D'un amour toujours plus ardent.

(Grand ballet des Grâces et des Plaisirs.)

FIN.


446-a Le mot vous manque dans l'autographe.

460-a Un des contes de La Fontaine a pour titre : Le cocu battu et content. Nouvelle tirée de Boccace.