<108>plois sans en avoir la capacité; quand vous les obtenez, vos commis font l'ouvrage, et vous vous contentez des appointements et de la représentation; si vous vous occupez, ce n'est que d'intrigues nuisibles au public : ainsi ces charges et ces titres dont vous vous revêtez, au lieu de vous être honorables, tournent à votre confusion, et deviennent un opprobre. Demi-dieux sur terre, puissances que la Providence a établies pour gouverner de vastes provinces avec humanité et sagesse, rougissez de honte qu'un pauvre cordonnier vous confonde et vous apprenne vos devoirs; que l'exemple de sa vie laborieuse vous enseigne ce qu'exigent de vous ces peuples que vous devez rendre heureux. Vous n'êtes point élevés par le ciel pour vous assoupir sur le trône aux concerts de vos flatteurs; vous y êtes placés pour travailler pour le bien de ces milliers de mortels qui vous sont soumis, et qui sont vos égaux. Vous ne fûtes point élevés si haut pour passer des semaines, des mois, des années dans les forêts à poursuivre sans cesse ces animaux sauvages qui vous fuient, à vous glorifier de la méprisable adresse de les attraper, divertissement innocent de soi-même, si sa fureur ne vous le rendait pas un métier. Tandis que les chemins dans vos provinces tombent en ruine, que les villes sont infectées de ces objets dégoûtants de pitié et de la commisération publique, que le commerce languit dans vos États, que l'industrie est sans encouragement et la police générale même mal observée, vous accoutumez vos bras au meurtre, vos yeux au sang, votre cœur à l'insensibilité. Est-ce pour courir après des animaux féroces ou pour gouverner une société humaine que vous êtes princes? Est-ce pour vous abrutir par une vie dissipée que vous avez reçu la raison? Est-ce pour perdre tous les jours de votre vie que vous avez reçu l'empire et la domination?
Ah! mes chers auditeurs, que de sujets de douleur et d'affliction que ce funeste oubli des devoirs qui renverse le but des meilleures-