<121> y restait gravé, vous enseigne que l'on peut vivre en bonne harmonie avec ses plus proches voisins; sa jurisprudence, si différente de la vôtre, vous montre qu'il y a des voies pour éviter les querelles, pour éluder les disputes, et pour conserver la paix et le repos; qu'il y a une certaine magnanimité d'âme, bien supérieure aux emportements de la vengeance, qui porte la miséricorde jusqu'à pardonner les injures et les outrages : au lieu que, chez vous, les moindres démêlés s'enveniment, de petites querelles produisent des guerres sanglantes; votre vanité, plus cruelle que la barbarie des tyrans, sacrifie des milliers de citoyens à la fausse gloire, et pour un mot que l'ambition et la haine interprètent, des provinces entières sont saccagées et ruinées; vos fureurs livrent la terre à la rapacité des bêtes féroces déchaînées pour l'envahir; tous les fléaux, toutes les calamités désolent le monde à leur suite, et tant de malheurs déplorables ne proviennent que de vos inimitiés funestes. Que Matthieu Reinhart était sage! L'on devraita graver en lettres d'or sur les palais des rois ces belles et mémorables paroles : C'est beaucoup gagner que de savoir céder à propos.
Mais où est-ce qu'un zèle outré m'emporte? Arrêtons cet enthousiasme du bien public, tirons un voile respectueux sur les actions des puissants que la Providence a placés sur les trônes du monde; adorons en silence les voies dont elle se sert pour amener ces révolutions qui abaissent ou élèvent les empires; et, sans plus sonder ses décrets impénétrables, quittons les palais des grands, où l'ambition et l'orgueil résident, et retournons à la cabane du pauvre, où habitent le travail et la vertu. Oui, mes frères, nous sommes sûrs de l'y retrouver; cet homme juste, qui savait si sagement entretenir la concorde et l'harmonie avec ceux avec lesquels son sort l'obligeait de vivre,
a Que Matthieu Reinhart était sage, et que l'on devrait, etc. Variante de l'exemplaire de la Bibliothèque royale, p. 21.