<124> Sion céleste, et s'abreuver d'avance de ces torrents de volupté qui coulent sans discontinuation pour les fidèles, et dont il jouit à présent dans la plénitude des élus. Quand il approchait des saints autels pour y recevoir le pain de vie, c'était toujours avec crainte et un saint frémissement; il disait : Seigneur, je suis indigne que vous veniez habiter chez moi, qui ne suis que cendre et poussière; et en s'éloignant des sacrés mystères, il se sentait conforté, comme si un nouveau rayon de la grâce l'avait éclairé. C'est cette piété, c'est cette foi aveugle qui lui procura ce repos inaltérable de l'âme qu'il sut conserver jusqu'à sa fin.
A sa fin? Oui, mes frères, tout ce qui a un commencement est lait pour finir; il n'y a que l'Être des êtres seul toujours permanent, toujours subsistant par soi-même et inaltérable en éternité;a mais la loi imposée depuis la chute funeste de notre premier père dans le paradis doit s'exécuter sur sa malheureuse postérité. Notre saint artisan voyait la mort qui venait à lui; un mal qui était le précurseur de sa destruction l'avertissait que sa carrière était près de se terminer; il s'affaiblissait à vue d'œil; son corps usé de maux était sur son déclin; mais son âme, comme une colonne dont la masse solide étaye un édifice ruineux, en était le ferme soutien. Il vit la mort sans la craindre; la vie d'un juste avait préparé la mort d'un régénéré. Combien de fois s'humilia-t-il devant son Créateur, en gémissant de ses imperfections! Combien de fois ne s'accusa-t-il pas de mauvaises pensées et des moindres irrégularités de sa conduite? Combien de fois ne demanda-t-il pas pardon à Dieu d'avoir perdu à l'ouvrage un temps qu'il devait consacrer à l'oraison! Ce Dieu de miséricorde couronna sa persévérance, et l'assista puissamment. Dans ces moments extrêmes où le monde, les amis, les parents, et l'art de ceux qui disputaient le terrain de sa vie pied à pied à la mort, ne pouvaient plus le secourir, il
a En toute éternité. L. c., p. 23.