<18>rait être englouti par ses ondes; qui se tient enseveli dans son lit, dans un appartement hermétiquement fermé, n'a rien à redouter des fluxions qu'engendrent les vents coulis, et des maux que peut causer le ressort du grand air; enfin, qui ne va pas en carrosse ne saurait être versé. Ces vérités sont trop claires pour qu'on ait besoin d'entasser preuves sur preuves; pour l'affirmer, contentons-nous de rapporter le proverbe d'une nation ingénieuse. Les Italiens disent : Qui sta bene non si move. Célèbres paresseux qui, par une oisiveté réfléchie, connaissez tout l'avantage de l'inaction, ne pensez pas que nous ayons épuisé la matière; il faut prouver que le mouvement est aussi pernicieux au monde physique que l'action l'est au monde moral. Toute la nature nous en avertit; j'en rencontre des preuves aux premiers objets où mes regards s'arrêtent. Voilà-t-il pas l'air agité par les aquilons? Il enfle et bouffit des nuages orageux qui, en tonnant sur nos têtes, laissent échapper de leurs flancs ténébreux les éclairs, la foudre, des embrasements et la mort. De même l'air, par la violence de son mouvement, est cause des tempêtes, des tourbillons et des ouragans épouvantables qui font ballotter par les vagues agitées les cadavres des nautoniers et les débris des vaisseaux fracassés par les naufrages. Les tremblements de terre, les ravages des volcans, d'où viendraient-ils, si ce n'est des vents souterrains qui, s'engouffrant de cavernes en cavernes, allument les matières combustibles contenues dans les entrailles de ce globe, et les poussent avec un fracas prodigieux vers des crevasses par où leur fureur pénètre, s'échappe, et se répand en torrents de flammes dans les campagnes? Supposé qu'on envisage ces phénomènes comme des calamités rares, qui arrivent de loin en loin, et par conséquent peu à craindre, ne voit-on pas que le mouvement est le principe destructeur des productions de la nature? Ses propriétés consistent à user nos organes, à relâcher les ressorts de la vie par une friction perpétuelle, à rassembler les germes de nos maladies, à préparer les causes du trépas, enfin à désunir les