<54> maux que sa curiosité lui attire; mais moment favorable à son salut, où la grâce la conforte et la rend à son Créateur. Barbe-bleue lui crie d'une voix aigre : Où est la clef du cabinet? La jeune épouse la lui présente d'une main tremblante, car elle sentait déjà une aversion salutaire pour toute connexion avec le diable. « D'où viennent, dit Barbe-bleue, ces taches de sang sur cette clef? - Je n'en sais rien, répondit-elle, plus pâle que la mort. - Eh bien, madame, repartit Barbe-bleue (car le diable est poli), vous y entrerez pour y tenir votre place parmi les femmes que vous y avez vues. » Ah! pauvres humains, apprenez à connaître le diable. Sans cesse défiez-vous de lui; soyez toujours sur vos gardes; il sème de fleurs le chemin par lequel il vous conduit aux enfers. Du commencement il est le flatteur de vos passions; puis subitement il se transforme en bourreau de vos âmes, et vous plonge dans des gouffres de douleurs. Mais observons à cette occasion avec les saints Pères combien les voies de Dieu sont différentes des voies des hommes. Le moment, marqué par la Providence, où il se proposait de secourir la jeune repentante n'était pas encore arrivé; pour gagner ce moment bienheureux, le Saint-Esprit met dans la bouche de cette femme les paroles les plus touchantes, capables d'attendrir les tigres et les lions les plus farouches. Mais le démon, auquel elles s'adressaient, était plus impitoyable que tous les tigres de l'univers; il n'a de plaisir que celui d'augmenter les compagnons de ses crimes, d'exciter à la désertion ceux qui sont enrôlés sous les drapeaux du Christ, pour les associer à sa révolte, et les rendre les victimes des enfers. « Il faut mourir, madame, s'écrie Barbe-bleue; il faut mourir tout à l'heure! » Paroles barbares, qui expriment toute la cruauté de l'esprit malin; paroles utiles, que le Saint-Esprit a dictées à l'auteur sacré pour nous inspirer toute l'aversion et toute l'horreur que nous devons avoir pour le prince des ténèbres. « Puisqu'il faut mourir, répond son épouse éplorée, accordez-moi un seul quart d'heure. - Oui, dit »