<60> philosophes aussi abominables qu'eux : quel moyen leur reste-t-il maintenant pour se révolter contre la suprématie de notre saint-père le pape, ou pour attaquer encore les dogmes de la foi catholique, apostolique et romaine? En vain voudraient-ils exalter leur âme, nous rirons de leurs efforts impuissants, et nous les réduirons au silence, dès que nous leur exposerons en détail l'accomplissement merveilleux des prophéties de l'auteur de Barbe-bleue. On leur prouvera, à leur dam, que la veuve de Belzébuth épousa le saint-père, c'est-à-dire, que l'Église, après avoir abjuré l'ancienne idolâtrie, est devenue l'épouse de Jésus-Christ. Le pape est son vicaire ici-bas, donc l'Église est l'épouse du pape. Dans le premier mariage de la femme de Barbe-bleue, tout était mondain; dans le second, tout était spirituel. Dans le premier, c'était l'abandon à des passions effrénées et à des plaisirs charnels; dans le second, la contrition, la repentance et la grâce la purifiaient. Là, c'étaient des banquets de débauche, des agaceries pour irriter d'impurs désirs, avec tout ce que peut produire le luxe pour exciter la vanité et l'oubli de soi-même; ici, c'étaient des actes de componction, de repentance, d'humilité chrétienne, et, pour toute nourriture, la chair et le sang de l'agneau sans tache. Au lieu des richesses périssables et de l'appareil du luxe qu'elle trouva dans le palais de Barbe-bleue, elle amasse ici un trésor de bonnes œuvres et d'actions pieuses, dont les intérêts lui seront payés abondamment au paradis. Au lieu d'être entre les bras du démon qui voulait l'égorger, elle se trouve entre les bras du vicaire de celui auquel elle doit son salut dans cette vie, et dans l'autre sa béatitude éternelle.

Fait au couvent des bénédictins de Monmore,a le 17 de septembre
de l'année de notre salut 1692.

(Signé)Dom Calmet.


a Nous ne connaissons aucun couvent de bénédictins du nom de Monmore. C'est peut-être Montmaur qu'il faut lire, à moins que l'Auteur n'ait voulu parler de la célèbre congrégation de Saint-Maur.