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SECONDE LETTRE AU PUBLIC.

La grande affaire qui nous occupe s'embrouille de jour en jour davantage. Les incidents que nous avons prévus sont en partie arrivés; on ne voit que des courriers qui vont et qui viennent; cependant rien ne transpire de leurs dépêches. L'ambassadeur de Fez a présenté un mémoire à notre ministère; sa cour s'intéresse vivement pour la musique d'Aix en Provence, et ce mémoire porte en termes exprès que le roi de Fez regardera le refus qu'on fera de la jouer comme un affront fait à sa personne dans celle de ses alliés. L'ambassadeur de l'hospodar de Valachie a joint ses représentations sur le même sujet, et il a ajouté que son maître serait obligé de faire cause commune avec la ville d'Aix pour soutenir l'honneur de ses menuets, surtout depuis qu'il avait établi à Arcima une académie de musique française.

Jusqu'à présent toutes représentations ont été infructueuses; notre cour persiste dans sa résolution, et il paraît qu'elle veut pousser cette affaire à l'extrémité. Tout le monde a été surpris de cette inflexibilité; mais on cesse de l'être depuis qu'on est informé à n'en pas douter que la cour a été encouragée dans sa roideur par l'alliance défensive qu'elle vient de conclure en secret avec la république de Santo-Marino. Salomon a bien eu raison de dire que tout se découvre enfin, car il n'y a rien de caché à notre pénétration : alliances, traités, conventions secrètes, nous approfondissons


a Le Roi veut dire Argis, ancienne résidence des hospodars de Valachie.