<77>d'expliquer sa parole comme il lui plaît, de prendre en même temps des engagements contraires selon son bon plaisir, et d'invalider ses anciens traités lorsqu'il lui prend fantaisie d'en faire de nouveaux. Elle promet à Sa Majesté Prussienne de tenir prêt son contingent, pour qu'il soit à portée d'être employé lorsque le casus fœderis l'exigera. Ce contingent consistera en trois ménétriers et en trois vivandières; et au cas que Sa Majesté Prussienne trouvât plus convenable de convertir ce secours en argent, la sérénissime république payera, du moment où la guerre sera déclarée, un subside annuel d'un sequin et demi, quatre sols, dix liards.
NB. Les secours seront prêts des deux côtés pour partir au plus tard trois mois après que la réquisition leur en sera faite, et au cas que ces secours ne soient pas suffisants, Leurs Hautes Puissances contractantes s'engagent d'en doubler le nombre. Cet article séparé sera tenu secrétissime, et il aura la même force que le traité général. On s'engage en outre d'inviter les autres puissances amies à accéder à cette alliance.
Le traité général ne paraît pas encore; mais comme il est fait pour être communiqué à tout le monde, nous vous assurons d'avance que ce n'est pas la peine de le lire. La quintessence du poison, le venin subtil et délicat est tout renfermé dans cet article secret, et c'est ce qui vous le fera savourer avec délices. L'ambassadeur de Fez, qui se trouvait au repas où cet article secret fut perdu, en a tiré copie sans perte de temps, et l'a envoyé par son joueur de guitare, qui joue un grand rôle à Fez, immédiatement à sa cour; et comme toutes les circonstances d'une affaire pareille à celle-ci sont importantes, nous ne devons pas omettre que le courrier avait l'omoplate gauche convexe, et qu'il montait un cheval cravate.
Ce grand événement ouvre un vaste champ à nos conjectures. Si la guerre survient, la ville d'Aix, le roi de Fez et l'hospodar de Vala-