XVIII ET XIX. LETTRE D'UN SUISSE A UN NOBLE VÉNITIEN ET LETTRE D'UN SUISSE A UN GÉNOIS.
L'Épître de Frédéric au marquis d'Argens, en lui envoyant les Lettres de Phihihu, mars 1760, commence ainsi :
Marquis, je vais sur vos brisées;
Tantôt Suisse, tantôt Chinois, etc.;
et pour expliquer le sens du mot Suisse du second vers, l'Auteur a mis sous le texte la note suivante : « Il avait paru des Lettres d'un Suisse, dans lesquelles le Roi développait la politique de la cour de Vienne. » (Voyez t. XII, p. 166.) Ces Lettres d'un Suisse sont précisément les pièces nos XVIII et XIX.
Ne trouvant ni manuscrit, ni édition originale de la Lettre d'un Suisse à un noble vénitien, nous nous voyons réduit à en tirer le texte du Supplément aux Œuvres posthumes de Frédéric II, t. III, p. 293-302, qui porte la date A Genève 1760. Mais comme les éditeurs du Supplément ont ajouté assez arbitrairement des dates à la Lettre de la marquise de Pompadour à la reine de Hongrie, à la Lettre d'un officier prussien à un de ses amis, à Berlin, et à la Lettre de félicitation du prince de Soubise au maréchal Daun, nous nous croyons autorisé à suspecter la date de 1760 mise par eux à la Lettre d'un Suisse à un noble vénitien, et nous pensons que c'est de cette pièce qu'il est parlé dans le post-scriptum suivant, que le Roi a ajouté à sa lettre inédite au marquis d'Argens, Landeshut, 12 mai 1759 : « Vous pourrez trouver à Berlin le Panégyrique de Matthieu Renard, Lettres sur les satires et sur les libelles, Lettre d'un secrétaire du comte Kaunitz au secrétaire du comte Cobenzl, Lettre d'un professeur suisse à un Vénitien, Lettre de la Pompadour à la Reine pour demander l'abolition du collége de chasteté. »
L'authenticité de la Lettre d'un Suisse à un Génois est spécialement attestée par l'Auteur dans le passage suivant de sa lettre au marquis d'Argens, du 19 février 1760 : « J'ai fait une brochure pour m'amuser, où je compare nos gens au triumvirat d'Octave, Lépide et Antoine. Vous jugez bien que les proscriptions n'y sont pas oubliées, non plus que la fin de l'histoire, où le plus fin engloutit les autres. » Ce passage donne la clef de l'épigramme contenue dans cette pièce,