<13>N'en ai-je pas trop dit? Réprimez ma hardiesse.
Du moins n'ai-je parlé comme vous fûtes ici;
Mais j'avais tant à voir dont j'étais en souci,
Car vous me paraissiez ainsi qu'une déesse.
Recevez donc, madame, un cœur qui est trop tendre,
Qui attend, impatient, seulement la permission
De vous faire souvent ses douces soumissions,
Et qui a balancé à cette heure de l'entreprendre.
Je compte les moments, je compte les minutes,
Afin de recevoir de vous la décision
Sur quoi je réglerai toutes mes actions.
Mais je crains ce malheur qui trop me persécute.
Qu'il me soit donc contraire en m'offrant des traverses,
Vous verrez que, malgré, je puis être constant;
Et si je n'ai pas lieu d'en être trop content,
Il faut que la patience à la fin pourtant perce.
Mais j'en ai écrit trop, et ma passion m'emporte;
Je crois vous ennuyer, vous priant à la fin
De croire que ce cœur, de vous rempli et plein,
Y persévérera toujours de même sorte.
Frideric.
3. DE MADAME DE WREECH.
Quel prodige, grand Dieu, confond donc mes lumières!
Est-ce le grand Frédéric qui s'abaisse aujourd'hui
A composer des vers pour moi, et les produit?
Pourrai-je y répondre sans être téméraire?
Non, je n'en ferai rien; mon cœur embarrassé
Efface avec dépit ce qu'il avait tracé,
Car je ris quelquefois, quand souvent j'entends dire
Qu'il suffit, pour parler, que le cœur nous inspire.
Pour bien répondre à toi, grand prince qualifié,