25. AU MÊME.
Mon cher Camas,
J'ai reçu votre lettre avec vos critiques judicieuses sur mon plan des appointés. J'espère de lever toutes les objections que vous m'avez faites, et de vous faire voir que la chose est fort faisable dans tous les régiments de l'armée. Une de vos objections les plus spécieuses est ce que deviendraient nos dix autres appointés que nous avons auprès des compagnies. Je réponds que l'on trouve très-rarement vingt hommes, auprès d'une compagnie, sur la conduite desquels on ne trouve aucune prise. Je crois donc qu'après avoir choisi, de ces vingt appointés, dix des plus capables et qui ont la meilleure conduite, on pourrait contenter les autres avec une légère gratification, par exemple d'une couple de florins, et cela, pour toujours. Voilà comme je l'ai fait dans mon régiment, et tout le monde en a été content. En second lieu, d'où viendraient les petites pièces d'uniforme que les capitaines distribueront aux appointés? Je vous réponds que nous avons dans la caisse l'uniforme des déserteurs bonifié; et comme nous n'en avons presque point, on prendra cet argent dans la caisse, et on l'emploiera pour les chemises des appointés. Quant à l'article de la façon de punir les appointés, je vous dirai que j'ai cru leur inspirer plus d'ambition en les faisant arrêter par les sergents des compagnies, principalement puisqu'on ne saurait assez se donner de peine pour inspirer un certain point d'honneur à des hommes qui ne sont guère capables de sentiment. C'est cependant un point sur lequel on pourrait se relâcher facilement. J'en viens à présent à votre projet touchant les bas officiers; il est sans contredit excellent pour tirer de ces gens le service que l'on en prétend; il est incontestable qu'ils sont trop mal payés, et c'est pourtant en partie de nos bas offi-