<181> n'est l'effet d'un de ces efforts généreux de l'amitié qui fait passer au-dessus de la douleur et de ce qui peut troubler les âmes vulgaires. Je crains encore pour vous, mon cher Camas, et je vous reproche de ne m'avoir pas dit deux mots de votre santé, qui m'est chère, dans une lettre de quatre pages. Vous croyez peut-être que je ne pense qu'à moi-même, et que, enivré de mon bonheur, je ne compte pour rien mes amis. Désabusez-vous, je vous prie; non, je ne serai jamais indifférent envers ceux avec lesquels je suis lié par les nœuds sacrés de l'amitié. Ni la fortune la plus brillante, ni le malheur le plus affreux, ni l'éloignement, ni des occupations profondes, ne m'empêcheront de penser à vous et de vous témoigner en toutes les occasions l'estime avec laquelle je suis,
Mon cher Camas,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.
Mes compliments, s'il vous plaît, à madame.
36. AU MÊME.
Remusberg, 30 septembre 1739.
Mon cher Camas,
Je ne vous envie point votre bonheur, mon cher ami; ne croyez point que je sois encore intentionné de venir vous supplanter dans votre faveur. Demeurez, à la garde de Dieu, sur le pied où vous êtes; j'admirerai vos mérites, sans cependant sentir la force de les imiter. Il règne trop de brouillards dans la région où vous habitez, dont je crains que les exhalaisons ne me soient préjudiciables. Permettez-moi de humer modestement et dans ma solitude un petit air de liberté qui