<184> Nous avons ici deux nouveaux envoyés, Rudenskjölda et Valori.b Le premier est un homme d'esprit, fin, et qui a beaucoup de connaissances et du inonde. Le second est un sot, très-grossier, et si fort absorbé par le grivois, que l'homme de qualité s'y perd totalement; c'est le Weyherc des Français, en un mot, un homme qui ne prendra point à Berlin, à en juger par le ton où il se monte.

Je vous suis infiniment obligé des pommes que vous m'envoyez; quoique je n'en mange jamais, je n'en ai pas moins d'obligation à celui dont elles viennent. Je vous ai bien plaint du malheur qui est arrivé à votre régiment. Ce sont ces mêmes Anglais que je vous plaignais d'avoir lorsque je vous vis à Cüstrin, qui vous ont joué ce vilain tour; ce sont en vérité de bien mauvais soldats, et, au demeurant, grands pendards. Adieu, cher ami; aimez-moi toujours, et soyez persuadé de l'estime et de l'amitié avec laquelle je suis tout à vous.

Federic.

Mes compliments à madame de Camas.

39. AU MÊME.

18 mars 1740.



Mon cher Camas,

Je vous envoie le fruit d'une conversation que j'eus avec vous sur le sujet de la flatterie. Je crois me rencontrer assez bien avec vos sentiments; et pour vous montrer que j'ai bien médité cette matière, je l'ai mise en vers, c'est-à-dire que j'ai donné la torture au bon sens


a Voyez t. III, p. 165.

b Voyez t. XI, p. 11.

c Le colonel Adam de Weyher, à Potsdam.