<217> de me faire à l'occasion du renouvellement de l'année est de tous ceux que j'ai reçus celui qui m'a le plus fait de plaisir. Je vous prie, ne vous en tenez pas simplement, monsieur, aux compliments, et ne soyez pas si chiche de quelques pensées et de quelques coups de plume que je vous demande instamment. Je suis dans le préjugé que deux mots de votre part m'instruiront plus sur les matières de philosophie que la lecture des in-folio les plus redoutables. Accommodez-vous, je vous prie, à cette opinion, et n'épargnez point le papier. Vous me devez quelque chose pour le grand cas que je fais de vous, ou vous le devez plutôt à vous-même. Mais enfin il me semble que l'estime d'un étranger vous doit être assez précieuse pour l'entretenir en lui donnant toujours de nouveaux sujets de l'augmenter. Je suis avec une très-parfaite estime
Votre très-affectionné ami.
5. DE FONTENELLE.
Paris, 23 juin 1740.
Sire,
Je croyais qu'à votre avénement à la couronne je n'aurais qu'à féliciter Votre Majesté sur l'attente où était l'Europe entière de tout ce que promettaient vos grandes qualités et les commencements de votre vie. Mais j'apprends de toutes parts que votre caractère, impatient de se développer, a éclaté dès les premiers moments de votre règne, et par des discours, et par des actions véritablement dignes d'un roi. Vous voilà donc engagé, Sire, et plus que jamais; mais