<233>velle. Je vous en fais mes compliments d'avance; mes vœux les ont précédés de beaucoup sur tout ce qui pouvait vous être agréable.
Je vous prie de m'écrire combien de temps vous croyez vous arrêter en Hollande; j'espère que votre séjour n'y sera pas de durée. Je ne saurais vous mander aucune nouvelle d'ici, car nos jours sont tous jumeaux, ils se ressemblent parfaitement. Je vous prie de me croire avec une estime infinie,
Mon cher comte,
Votre très-affectionné ami.
Federic.
12. AU MÊME.
Ruppin, 4 mai 1739.
Mon cher comte,
Je sens qu'un ami sincère doit préférer le bien et la gloire de son ami à sa propre satisfaction. Je renonce donc à vous posséder pour celte année; mais je n'y renonce que conditionnellement, et je me réserve l'espérance pour le printemps prochain.
Nous sommes ici occupés à rendre hommes des créatures qui n'en ont que la figure. Législateurs militaires, nous n'en sommes pas moins chargés de l'art de conduire les hommes. C'est une étude continuelle de l'esprit humain, et dont le but tend à rendre des âmes très-gros-sières susceptibles de gloire, à réduire sous la discipline des esprits mutins et inquiets, et à cultiver les mœurs de gens dissolus, libertins et scélérats. Tout ingrat que paraît ce travail, on le fait avec plaisir; ce fantôme qu'on appelle la gloire, cette idole des gens de guerre, anime et encourage à rendre une troupe déréglée capable d'ordre et