<287> fort complet, et que la belle s'y surpassa; je veux croire aussi que le cavalier s'était mis de son mieux, et que la belle avait son beau jour. Mais cependant, ô amour! que ton pouvoir est grand! Se voir pour la première fois et s'aimer éperdument n'est pour eux qu'une même chose. La fin du concert n'a pas plus tôt soulagé l'impatience de l'amant, qu'il se lève, fait la révérence au père, et lui demande sa divine fille en mariage. Le père y consent, appelle sa fille, lui propose la chose, et trouve une obéissance digne d'Iphigénie. Le bonhomme met la main de sa fille dans celle de son amant, et, après avoir satisfait aux ordres de l'amour, il songe à faire connaissance avec son gendre, lui demande son nom, son état, et tout ce qui s'ensuit; à quoi celui-ci ayant répondu, tous paraissent satisfaits, et, peu de jours après, la sérieuse cérémonie unit à jamais le couple fortuné.
Voilà vraiment un sujet de roman à désespérer la plus riche imagination.
Agréez, monseigneur, l'assurance de mon profond respect, etc.
13. A M. DE SUHM.
Ruppin, 27 avril 1736.
Mon cher Diaphane,
Je viens de recevoir à la fois deux de vos lettres, qui m'ont fait tout le plaisir du monde. Si le service de Mars ne m'occupait entièrement, j'aurais répondu à chacune à part, et d'un style non laconique : mais je vous assure qu'à peine ai-je le temps de boire et de manger.
Je ne m'attendais assurément pas que le saumon que j'ai envoyé au due de Lorraine lui serait aussi agréable qu'il le lui a été. Je regarde le plaisir qu'il lui a fait comme une marque de l'amitié qu il a