<323> croirais le payer d'ingratitude, si je ne lui disais naturellement que je souhaiterais, pour l'amour de lui, qu'il eût changé l'Épître dédicatoire.
Je ne crois pas que l'on ait jamais, dans une lettre, autant parlé d'une dédicace que je viens de le faire ici. Le reste de l'ouvrage, autant que j'en puis juger, me paraît heureusement exécuté. Il n'avait pas besoin de marquer dans sa préface les difficultés qu'aurait à surmonter quiconque essayerait de traduire la Métaphysique de Wolff, pour que cela fît augmenter la reconnaissance que je vous dois pour cet ouvrage; le plus grand prix que j'y trouve, c'est le motif d'amitié pour moi qui vous l'a fait entreprendre, sans compter que la traduction est très-fidèle et très-exacte.
Nous passons ici notre vie le plus doucement et le plus agréablement qu'il soit possible. Notre compagnie est fort jolie, et nos heures assez bien partagées. Je voudrais, mon cher Diaphane, que vous dissiez des nôtres : vous couronneriez l'œuvre, et ajouteriez à nos plaisirs champêtres les charmes de l'amitié; j'aurais la satisfaction de vous voir, de m'entretenir avec vous, et de vous assurer de vive voix de la parfaite et sincère estime avec laquelle je suis à jamais,
Mon cher Diaphane,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.
35. DE M. DE SUHM.
Dresde, 29 octobre 1736.
Monseigneur
Quelque démon fatal à mon repos, empêchant mes paquets de vous parvenir, semble avoir pris à tâche de me tourmenter par la crainte