<334> approuver les raisons qui m'ont engagé à ne point refuser l'emploi qu'on veut bien me confier; et V. A. R. se persuadera facilement, à ce que j'espère, lorsqu'elle sera instruite de tout, que mon inviolable attachement pour elle y a au fond plus de part qu'elle n'a pu se l'imaginer.
J'ai enfin l'honneur d'envoyer à V. A. R. la fin de la traduction de la Métaphysique de Wolff, si tant est qu'un tel ouvrage, fait en plus grande partie si fort à la hâte, mérite le nom d'une traduction. Elle serait parfaite, si mes forces avaient répondu à mon zèle, car je les y aurais employées toutes, comme je n'en épargnerai jamais aucune, aussi souvent qu'il s'agira de vous prouver, monseigneur, à quelque prix que ce soit, que jamais homme ne pourra plus que moi vous être attaché et dévoué par devoir, par inclination et par reconnaissance, etc.
40. A M. DE SUHM.
Berlin, 10 décembre 1736.
Mon cher Diaphane,
Je viens de recevoir votre lettre, avec le paquet, dans le moment où je m'attendais à vous voir vous-même; et, quoique j'en aie été dédommagé par une très-jolie lettre, je vous avoue que votre présence m'aurait été infiniment plus agréable. Je suis persuadé qu'un philosophe comme vous ne fait rien sans raison; je crois même que votre voyage de Russie a sa raison suffisante. Mais, indépendamment de tout cela, permettez-moi de vous dire que votre départ me fait beaucoup de peine, et que je sens bien que la voix de la raison n'a guère de vertu sur un cœur pénétré d'amitié. Alléguez-moi cent mille raisons qui vous ont obligé de vous faire envoyé, mon amitié dira toujours que vous avez tort.