<352> ce siècle, faites revivre les temps sacrés d'Oreste et de Pylade, du bon Pirithoüs, du tendre Nisus et du sage Achate. Que les hommes voient de nos jours les heureux effets d'une amitié réciproque. J'y concourrai de mon côté; vous n'en douterez plus, vous en serez persuadé. Et quand même je ne vous répéterais pas les sentiments que j'ai pour vous, vous n'en croiriez pas moins que je suis avec autant d'estime que d'amitié,
Mon très-cher Diaphane,
Votre très-fidèlement affectionné ami,
Frederic.
49. DE M. DE SUHM. (No 5.)
Pétersbourg, 16 avril 1737.
Monseigneur
Je viens de recevoir la gracieuse lettre dont Votre Altesse Royale m'a honoré le 23 du mois passé, no 3. La part qu'elle a daigné prendre aux dangers que j'ai courus, aux fatigues que j'ai essuyées, m'a louché jusqu'au fond du cœur. Bien que je vive assez tranquille aujourd'hui, et assez bien portant, elle ne laisserait pas, j'en suis persuadé, de me plaindre, si elle pouvait me voir ici au plus fort de l'hiver encore dans le milieu du mois d'avril, la Néva gelée, la campagne couverte de neige, sans l'espérance même de voir dans un mois d'ici ni eau ni terre. Heureusement pour moi que la description de l'air que V. A. R. respire a fait glisser dans mes veines une douce chaleur qui me soutient, et me met en état de braver tous les frimas. Cependant elle m'a aussi vivement fait sentir tout ce que j'ai perdu; et que ne perd-on pas quand on s'éloigne de V. A. R.! La seule consolation que