<418> conviennent absolument à mon mal, qui est, autant que j'en puis juger, d'une tout autre nature et de bien moindre conséquence que le vôtre. Au nom de Dieu, monseigneur, mettez tout le soin possible à conserver votre précieuse santé. Songez à tous ceux qu'elle intéresse. Je ne puis m'empêcher, monseigneur, de vous faire part, en cette occasion, de l'avis d'un grand médecin sur le régime qui convient particulièrement aux personnes qui sont sujettes à ces terribles crampes. « Je regarde, dit-il, l'usage même le plus modéré du vin de Champagne comme une des causes les plus propres à favoriser les crampes d'estomac Louis XIV, qui a dû y être fort sujet dans sa jeunesse, s'en abstint toujours avec le plus grand soin, et ne fit usage que de vin de Bourgogne avec de l'eau. » Si votre médecin était, sur ce point, du même sentiment, V. A. R. aurait les plus fortes raisons de préférer à un vin qui peut être nuisible à sa constitution un autre vin qui pourrait lui être salutaire. J'ose me flatter, monseigneur, que vous daignerez regarder la liberté que je prends de vous rendre attentif à un conseil qui regarde votre précieuse santé comme une des plus évidentes preuves que je puisse vous donner du religieux intérêt que je prends à votre sacrée personne.

Le couvert de la lettre que V. A. R. m'a renvoyé avait bien un petit air manié; cependant il se peut très-bien que ce fût moi-même qui l'eusse mal cacheté. J'y ai trouvé de la main de V. A. R. quelques essais de vers qui paraissaient destinés à composer un éloge de la gloire et de la vertu.a Je vous y ai bien reconnu, monseigneur, car, dans tous vos travaux littéraires, il est aussi facile de vous reconnaître au choix des sujets également dignes de vous et de votre plume que vous vous proposez qu'à la manière dont vous savez les traiter.

Les nouvelles que vous me donnez du philosophe Wolff et de la fortune que vient de faire sa philosophie ne m'ont pas moins surpris que réjoui. En vérité, monseigneur, vous pouvez vous féliciter de ce


a Il s'agit probablement ici de l'Épître sur la Gloire et l'Intérêt. Voyez t. X, p. 79-90.