<45> Si c'est de s'assurer de moi, ce n'en est pas le moyen. Madame d'Eisenach le pourra faire, mais point une bête, et, au contraire, moralement il est impossible d'aimer l'auteur de notre malheur. Le Roi est raisonnable, et je suis persuadé qu'il comprendra cela lui-même. Prévenons donc le malheur à temps, afin que nous n'ayons pas lieu de nous repentir de notre négligence.
4. DE M. DE GRUMBKOW.
20 février 1732.
A la fin le Roi m'a parlé avant-hier, me faisant promener avec lui dans le parc, et il me dit toutes les raisons de ce qu'il faisait par rapport au mariage en question, avec des raisons si sérieuses et si solides, que je n'en pus pas disconvenir, d'autant plus qu'il me dit que V. A. R. lui avait répondu que V. A. R. obéirait, mais qu'elle demandait de voir la personne en question, à quoi je persistai beaucoup. Il serait trop long de faire un rapport de cette conversation, qui demanderait plusieurs pages. Les cinq points sur lesquels j'insistai furent : 1o de ne vous pas presser de vous promettre d'abord, mais de vous donner le temps de connaître la personne en question, ce qui fut accordé; 2o de ne pas presser le mariage, ce qui fut aussi accordé; 3o de vous donner toute sa confiance, et de vous considérer, pas comme son fils, mais comme son ami. Le Roi dit : S'il est tel que vous me le dépeignez, cela arrivera sûrement; mais je crains que cela ne soit pas de durée. Pour moi, je comprends, dit-il, qu'il ne faut pas que nous soyons toujours ensemble; aussi il aura son ménage à part, et ce sera alors quelque chose de nouveau pour nous quand nous nous verrons. 4o J'ai prié le Roi de ménager V. A. R. et de tout faire avec douceur;