<46> que par raisonnement et douceur on faisait tout avec elle; ce que le Roi goûta aussi. 5o Que le Roi vous devait occuper et donner des occasions de voyager et de voir le monde; sur quoi le Roi me dit que cela serait selon la conduite de V. A. R. Enfin, mille autres particularités que je me réserve de dire de bouche.

Ce midi, avant que de se mettre à table, le Roi me dit : Tenez, lisez. Et c'était une lettre de V. A. R., où elle consent à tout sans réserve. Le Roi me dit : Qu'en dites-vous? Je dis : Eh bien, Sire, que dites-vous de ce fils obéissant? que pouvez-vous demander davantage? Il me dit, les larmes aux yeux : C'est le jour le plus heureux que j'aie goûté de ma vie; et il s'en alla avec le duc de Bevern, et entra avec lui dans la chambre voisine, et ils s'embrassèrent beaucoup. Je n'ai jamais vu le Roi si content. Nous allâmes l'après-midi à la maison hollandaise du parc, où la Reine donna le café. Il n'y avait que la Reine, la Duchesse, la princesse Charlotte et la princesse de Bevern, et j'avoue qu'elle a changé beaucoup à son avantage, et que plus qu'on la voit, plus qu'on s'y accoutume, et plus qu'on la trouve jolie, et une couche de la grand'mère, et si l'embonpoint vient, et la gorge, qui se montre déjà, alors elle sera appétissante.

5. DU MÊME.

20 février 1782.

En m'éveillant, je reçois la belle lettre de V. A. R., qui me met hors de moi-même. Comment! pendant que V. A. R. accorde tout au Roi, elle parle en désespoir, et veut que je me tourne dans des affaires qui me pourraient coûter ma tête! Non, monseigneur; la chemise m'est plus près que le justaucorps, et puisque vous voulez faire le Don Car-