40. AU MÊME.
Ce 14, de ma garnison.
La raison pour laquelle on n'a pu répondre est que l'on a été tout le temps auprès du souverain, où le peu de temps que l'on y a en a empêché entièrement. Le post-scriptum que vous me faites, cher Cassubien, est faux d'un bout à l'autre, car premièrement, je n'ai pas été invité à Schwedt, et en second lieu, je n'ai pas pensé d'y mettre le pied. L'on peut voir par là combien de fausses nouvelles se font et se débitent tous les jours. Pour ce qui regarde Germania, je n'ai pas seulement entendu parler un mot de ce que vous me dites, et je suis bien persuadé que l'on ne cherchera pas mon conseil. Dernièrement, je fus d'une promenade que le souverain fit avec quelques officiers; à la fin, le discours tomba sur sa mort, et il me dit qu'il me connaissait, et qu'il savait qu'après sa mort j'aurais comédie et opéra, et qu'il me laissait de l'argent pour exercer ces folies, mais que, si je voulais, un jour il me montrerait ce qu'il y avait encore à faire dans le pays, et que si, après sa mort, je voulais jouer le maître, il faudrait que je me fisse beaucoup d'ennemis, comme lui, il s'en était fait, et qu'il me nommerait un jour ceux qui lui avaient été contraires; et il entra dans un détail dont je rendis grâce à Dieu de sortir avec honneur. Je ne puis pas dire que je suis trop édifié du tout, car je remarque bien que le bon visage que l'on s'efforce de me faire ne part pas du cœur, et qu'il y a toujours un levain caché au fond du cœur. Je ne saurais en deviner la raison, et j'avoue que je crois qu'il y a toujours quelque boute-feu en compagnie. Quelqu'un de mes amis m'a même assuré que le digne sieur Eversmann n'y a pas peu contribué. Je suspends mon jugement sur son honnêteté, de crainte de lui faire du tort, en lui pardonnant par charité chrétienne tout le mal qu'il m'a fait.
Voilà, cher Cassubien, ce qu'il y a de plus nouveau. La bonne Baireuth est toujours en paisible attente des bienfaits qui devraient et