11. DU MÊME.
Berlin, 13 (sic) avril 1733.
Monseigneur
Je ne manquerai pas de faire un fidèle rapport à S. M. I. des sentiments de reconnaissance que V. A. R. marque dans sa gracieuse lettre pour l'attention que S. M. I. a depuis quelque temps sur tout ce qui a eu rapport au contentement de V. A. R. L'union et la parfaite intelligence entre les maisons d'Autriche et de Brandebourg ont procuré depuis plus de dix ans des avantages réciproques, que S. M. I. verra avec plaisir que V. A. R. continue dans ses principes salutaires pour le bien public; et comme S. M. le Roi son père a donné depuis quelques années des marques réelles de son amitié pour l'Empereur, ainsi S. M. I. sera charmée d'apprendre que V. A. R. veut entrer dans les mêmes vues. Elle peut être assurée que l'Empereur, à son tour, ne manquera pas de l'aire à V. A. R. l'estime que S. M. a conçue des mérites personnels de V. A. R. Le plaisir que S. M. I. a fait à V. A. R. par rapport au sieur Duhan sera accompli dorénavant dans des occasions plus réelles, où S. M. I. voudra témoigner à V. A. R. combien il lui tient au cœur de lui prouver ses sentiments. La somme que V. A. R. dit me devoir est déjà acquittée, je crois qu'elle devinera facilement par qui; on n'a en vue que l'union de la famille royale pour prévenir tout nouvel éclat. Comme V. A. R. me marque le besoin qu'elle a à l'heure qu'il est, je lui fournis le reste de mon présent dédommagement. Je ferai tout au monde pour la consolation de la digne Princesse royale; même je m'adresserai à S. M. l'Impératrice pour voir si Ton ne pourra trouver quelques mille florins par an, jusqu'à ce que le bon Dieu voudra changer en mieux le sort de V. A. R. Le sieur Duhan sera le premier soin ici. S. A. R. le duc de Wolfenbüttel a ordonné déjà ici à son résident de lui payer cent écus par an, et de continuer le voyage jusqu'à Blankenbourg, où il sera conseiller et<35> bibliothécaire, avec un gage proportionné. L'Empereur lui donnera une pension de quatre cents écus. Contents ceux qui ont le bonheur d'être estimés de V. A. R.; ils ne seront jamais négligés de la cour impériale, puisqu'on y sait déjà que V. A. R. aime les gens de mérite. J'espère que V. A. R. brûlera la ci-jointe, parce qu'il faut éviter aux malveillants tout prétexte d'interpréter en mal les intentions les plus pures et les plus nettes.