7. A ROLLIN.
Remusberg, 4 septembre 1738.
Monseigneur
Vous vous êtes attiré si fort ma confiance par l'Histoire ancienne que vous avez écrite, que je suis persuadé de l'excellence de tout ce qui sortira de votre plume. J'attends vos productions nouvelles avec toute l'impatience d'un lecteur affamé de bonne lecture; très-peu capable de leur donner du prix par mes suffrages, je n'ai de capacité que pour en sentir les beautés et pour les admirer.
Je vous remercie, en particulier, du plaisir que me procurent vos soins, et de ce que vous voulez bien m'envoyer vos nouveaux ou<258>vrages; je souhaite de tout mon cœur que le Thucydide de notre siècle puisse voir prolonger le fil de ses jours comme ceux du roi Ézéchias.258-a Ce vœu vous paraîtra peut-être intéressé par la part que je prends aux ouvrages que vous publierez; mais je puis vous assurer que l'estime que j'ai pour votre personne n'y participe pas moins. Un sage historien est un phénix bien rare, et ce que je puis souhaiter de mieux aux grands hommes de ce siècle, c'est que, dans les âges futurs, ils trouvent des Rollins pour écrire leur histoire.
Puissiez-vous jouir longtemps de l'estime de vos contemporains, et me procurer mainte et mainte fois le plaisir de vous remercier et d'applaudir à vos nouveaux écrits!
Je vous envisage, vous autres savants, comme ceux qui doivent servir de phare et de fanal au faible genre humain, comme des étoiles qui devez nous éclairer dans toute sorte de sciences, et comme des hommes qui pensent pour nous, tandis que nous agissons pour eux. Jugez donc, monsieur, si je me départirai jamais de l'estime véritable avec laquelle je suis,
Monseigneur Rollin,
Votre très-affectionné ami,
Federic.
258-a II Rois, chap. XX, v. 1-11.