84. AU MÊME.
Königsberg, 8 août 1739.
Mon cher Diaphane,
Me trouvant de cent lieues plus près de votre voisinage qu'à l'ordinaire, je n'ai pu résister à la tentation de vous écrire et de m'informer de l'état de votre santé. M. Stranganow,410-a qui passa par ici il y a deux jours, m'assure qu'elle se rétablit; mais il ne me faut pas moins que votre propre témoignage pour tranquilliser tout à fait mon amitié alarmée.
Vous saurez apparemment que l'affaire de B. est rompue, ce qui m'embarrasse beaucoup; mais je vous apprendrai une autre nouvelle qui, j'espère, vous fera plaisir : c'est que le Roi m'a fait, le plus gracieusement du monde, présent de son haras prussien.410-b J'y vais incessamment, pour continuer de là ma marche vers Berlin.
Je vous prie de me dire ce que deviendra l'affaire manquée, et si mon bas officier vous a bien rendu ma lettre.
Adieu, cher Suhm; vingt mille riens m'empêchent de vous dire tout ce que mon cœur pense. Soyez persuadé cependant qu'il n'est jamais en défaut lorsqu'il pense à vous; c'est ce que je puis vous assurer, foi de notre amitié inviolable.
Federic.
410-a Jeune seigneur russe qui voyageait sous ce nom. C'était le prince Scherbatoff, qui a fait un long séjour en Angleterre. (Note de l'ancien éditeur, M. d'Olivier.)
410-b Voyez ci-dessus, p. 180, 260 et 261.