92. DU MÊME.
Pétersbourg, 28 novembre 1739.
Monseigneur
Comme le temps s'est mis au beau, et que les chemins sont bons, le Duc fit venir hier au manége le cheval persan qu'il envoie à V. A. R. Il est gris, fort haut pour un persan, et d'une grande beauté. Le Duc, l'ayant trouvé en bon état, me dit qu'il le ferait partir le lendemain, et qu'il donnerait ordre qu'il fût conduit jusqu'à Memel, où on le remettrait au commandant, souhaitant qu'il arrivât en aussi bon état qu'il l'était lorsque je l'ai vu. Comme il sera plus d'un mois en chemin, V. A. R. aura le temps nécessaire pour donner ses ordres à M. de l'Hôpital,419-a tant par rapport au cheval que par rapport à la personne qui l'aura amené, si elle ne l'a pas fait déjà par précaution.
Nous avons appris que M. de La Chétardie est parti le 12 de Berlin, de sorte qu'il peut être actuellement en Courlande. Je me réjouis infiniment de le voir pour apprendre des nouvelles de la santé<420> de V. A. R. par un témoignage vivant, et pour pouvoir m'entretenir d'elle avec lui, n'y ayant aucun plaisir au monde qui puisse égaler pour moi celui que je trouve à m'occuper de l'aimable et digne prince dont l'amitié et la bienveillance envers moi font le suprême bonheur de ma vie, etc.
419-a Général-major et commandant de Memel.